Eglises d'Asie – Inde
Mizoram : les chrétiens Mizo de l’État Chin se réfugient en Inde pour fuir la répression militaire birmane
Publié le 28/05/2021
Plusieurs milliers de Birmans, dont une majorité de chrétiens, ont fui leur pays en se réfugiant dans l’État indien du Mizoram, dans le nord-est de l’Inde (bordant la frontière birmane), alors que les militaires continuent leur répression contre le mouvement prodémocratie. L’État du Mizoram a officiellement informé le gouvernement fédéral de New Delhi qui près de 16 000 réfugiés birmans résident déjà dans la région, qui borde l’État Chin. La plupart des Birmans qui ont fui sont de la même origine ethnique (Mizo) que les habitants du Mizoram. Dans une lettre adressée au ministère indien des Affaires externes, H. Rammawi, du gouvernement du Mizoram, a déclaré que 15 438 personnes venues de Birmanie ont déjà trouvé refuge au Mizoram. « Ce chiffre continue d’augmenter de jour en jour », a-t-il souligné. Rien que dans la capitale de l’État, Aizawl, ont compte au moins 6 000 réfugiés, selon lui. Avec près de 300 000 habitants résidant à Aizawl, cet afflux de réfugiés pourrait augmenter la population de la ville de 2 %. « Les chiffres officiels sont sans-doute sous-estimés, alors que beaucoup de ressortissants birmans résident dans les maisons de leurs proches au Mizoram sans déclarer leurs origines birmanes », explique Mozez Sailo, un travailleur social d’Aizawl, qui précise que les réfugiés sont logés dans des camps ou dans des maisons individuelles avec l’aide des ONG. Les chrétiens, majoritairement des baptistes et des presbytériens, représentent environ 87 % de la population du Mizoram, qui compte 1,15 million d’habitants. On y compte seulement 40 000 catholiques.
Au moins 20 élus birmans parmi les réfugiés au Mizoram
Le ministre en chef du Mizoram, Pu Zoramthanga, du parti MNF (Mizo National Front), est un allié du Premier ministre indien Narendra Modi et du BJP (Bharatiya Janata Party), le parti pro-hindou. Selon lui, l’État du Mizoram est prêt à accueillir toute personne appartenant à l’ethnie Mizo et tout citoyen birman persécuté pour avoir participé dans les manifestations démocratiques en Birmanie. L’exode des réfugiés birmans, appartenant majoritairement à l’ethnie Mizo et venant de l’État Chin, a commencé peu après la répression militaire contre les manifestants, dès le mois de février. L’armée birmane, qui a pris le pouvoir après son coup d’État du 1er février, poursuit son action armée contre le mouvement de désobéissance civile. Certaines sources affirment que parmi ceux qui ont fui, on compte aussi des fonctionnaires, des policiers et des pompiers, après avoir reçu l’ordre de la junte d’agir contre les manifestants. Un fonctionnaire du Mizoram, qui souhaite rester anonyme, confie que parmi ceux qui ont fui, on compte au moins 20 parlementaires qui ont été élus lors des élections générales birmanes de novembre 2020.
Narendra Modi demande la fermeture des frontières avec la Birmanie
L’Inde partage 1 643 km de frontière avec la Birmanie, couvrant quatre États indiens (Mizoram, Nagaland, Manipur et Arunachal Pradesh). Le Mizoram partage 404 km de frontière avec la Birmanie. Pour des raisons diplomatiques et stratégiques, le gouvernement indien n’a pas reconnu les nouveaux venus de Birmanie comme des réfugiés. Le ministère fédéral de l’Intérieur, dirigé par Amit Shah, un proche de Narendra Modi, a demandé aux quatre États du nord-est indien de « ne pas accueillir » les réfugiés. Le gouvernement fédéral a également demandé de fermer la frontière et d’empêcher toute entrée dans le pays depuis la Birmanie. L’Inde n’a pas de structure officielle pour la protection des réfugiés. Selon une lettre du ministère de l’Intérieur aux gouvernements des États concernés, ils n’ont pas le pouvoir d’accorder le statut de réfugié aux étrangers, d’autant plus que l’Inde n’est pas signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et de son protocole de 1967. En Birmanie, le général Min Aung Hlaing a déclaré un état d’urgence pour un an. Près de 5 000 personnes ont déjà été arrêtées depuis le début du mouvement, dont des personnalités politiques, des avocats et des journalistes. Plusieurs milliers d’autres se cachent ou ont fui le pays. Près de 800 personnes ont été tuées par l’armée et la police depuis le coup d’État.
(Avec Ucanews)
Crédit Ericwinny / CC BY-SA 4.0